Depuis quelques mois, un « groupe de travail étudiant » réunit une douzaine de représentant⋅es étudiant⋅es (VPE d’universités, élu⋅es, responsables associatif⋅ves) à l’Université de Lyon, sous la houlette de son vice-président étudiant Alexandre Tiraboschi. Nous avons obtenu une copie des travaux préparatoires de ce groupe de travail, qui ont été présentés à Khaled Bouabdallah le 20 novembre.

1. Gouvernance et représentation étudiante

Il est proposé qu’au moins 60 % du CA du futur établissement soit élu, et que son président soit également élu (sur le modèle des universités).

Une « commission vie des campus » distincte d’une « commission formation » serait composée de 40 à 50 % d’étudiant⋅es, et prendrait en charge les question de vie étudiante. La représentation par campus, et non par pôles, est intéressante.

Si ces instances ne sont pas déraisonnables, la proposition de démultiplier les « super-représentant⋅es étudiant⋅es » (VPE, VPE délégué⋅es et autres) prolonge une progressive « professionnalisation » de la représentation étudiante qui nous parait néfaste — mais cadre bien avec la politique technocrate menée par la FAGE à Lyon comme ailleurs depuis plusieurs années.

Sur la définition des composantes, le document fait la part belle aux refrains connus de plusieurs années de présentations Idex : autonomie budgétaire, recrutement du personnel, contractualisation, etc.

2. Orientation et réussite des étudiant⋅es

Abstraction faite de l’originalité du titre de cette section, le texte mélange tous les styles en une joyeuse polyphonie :

  • prose néolibérale affligeante, où l’on propose une « démarche qualité » basée sur des « outils de performance », une « démarche compétence » , une « agilité des formations » appuyée sur des « parcours modulaires (…) sous la forme de bloc de compétences permettant une véritable approche programme » (sur ces questions, voir notre récent article sur les NCU) ;
  • vœux pieux : « les frais d’inscription doivent rester cadrés » ;
  • de bonnes idées malgré tout : « l’UdL doit faciliter la réorientation des étudiant⋅es », peut créer un système d’ « ambassadeurs étudiants » ou attribuer des « décharges pédagogiques » aux enseignant⋅es souhaitant travailler à l’évolution d’une formation, et favorise les formations inter-disciplinaires.

3. Place des étudiant⋅es dans la gestion de l’établissement

Le texte rappelle l’importance (indiscutable, nous ne le nions pas) des lieux de vie étudiants, de la possibilité de mener des projets au sein des établissements, des mécanismes de tutorat, etc. Il propose également un renforcement du salariat étudiant encadré (même si cet encadrement fait à nouveau figure de vœu pieux).

Mais, ne l’oublions pas, ces éléments de la vie étudiante ne deviennent prioritaires qu’une fois que le bon déroulement des études est garanti, et la place de l’étudiant⋅e dans la vie de l’Université commence par sa participation aux décisions ; évacuer toute participation directe des étudiant·es dans l’élaboration de cette Université-Cible au profit de ces quelques gages, c’est se fourvoyer quant à l’ordre des priorités

4. Politique de vie étudiante

Les mesures proposées sont nombreuses, nous renvoyons au document… Nul doute, à nouveau, qu’elles seront considérées avec le plus grand sérieux, et qu’elles recevront un appui aussi large que l’éventail des problématiques de formation et de politique qu’il masquera.

On nous reprochera de négliger des propositions intéressantes et de jouer les Cassandre sur des questions de principe, mais qu’on ne se méprenne pas : nous pensons surtout que les mesures proposées, que nous soutenons pour la majorité d’entre elles, ne pourront voir le jour sainement que dans une Université démocratique dans son ouverture et dans sa gestion — au risque, autrement, de les voir jouer le rôle de palliatifs.

Laisser un commentaire