Pendant que les cinq établissements de l’université-cible se redécoupent sous le feu des projecteurs, qu’advient-il du reste du site ?
Ce 26 juin, l’Université de Lyon et 12 établissements membres ou associés signaient avec le CNRS la convention quinquennale de site pour la période 2016–2020 (tandis que le CNRS signait également une convention de dix ans avec la SATT Pulsalys). Une convention qui « s’appuie sur le projet IDEXLYON » dont elle reprend les trois thèmes :
- sciences et ingénierie,
- bio-santé et société,
- humanités et urbanité,
et définit de grandes lignes de coopération (certaines plutôt louables, comme la promotion de l’Open Access, d’autres plus discutables comme le renforcement de la bibliométrie à tout-va) et un cadre de propriété intellectuelle et de contractualisation entre les établissements.
Cette signature est aussi l’objet d’un petit échange entre chefs d’établissements par dépêches de presse interposées.
Dans une dépêche de NewsTank du 27 juin, Antoine Petit, nouveau président du CNRS (qui avait d’ailleurs remporté ce poste face à notre directeur de l’Idex, Jean-François Pinton), annonce :
Ce n’est pas au CNRS de faire la politique des universités, et inversement, mais nous avons besoin d’un partenariat fort et d’une université forte sur le site de Lyon. (…)
Les partenaires doivent rester vigilants quant aux positionnements de Lyon 2, mais aussi de l’Insa Lyon. Je suis convaincu que le jury international préfère un schéma sans Lyon 2 plutôt qu’avec une université ou une école présente, mais peu motivée.
La mention de l’INSA n’est pas anodine : s’étant toujours tenu un peu à l’écart du « club des 5 », construisant son projet d’ « INSA Lyon 2040 » en parallèle de l’Idex, affirmant contre vents et marées que l’INSA conservera sa personnalité juridique, Éric Maurincomme pourrait-il être le nouveau laissé-pour-compte de l’université-cible ? Dans la grande bataille d’égos à laquelle on assiste, cela ne surprendrait personne.
L’autre établissement qui n’a pas la cote auprès du CNRS par les temps qui courent est évidemment Lyon 2, dont la présidente Nathalie Dompnier réagit dans deux dépêches, sur NewsTank le 6 juillet et sur AEF info le 9 juillet. La présidente rappelle que son établissement souhaite faire partie du projet d’université-cible, dont il a été exclu l’hiver dernier.
Faute d’en être partie prenante, N. Dompnier souhaiterait que Lyon 2 soit au moins associée au processus, puisqu’elle est censée pouvoir le rejoindre ultérieurement :
« Il me semble primordial d’être là dès le départ sur les sujets de réflexion de fond. On me l’a refusé. » Nathalie Dompnier déplore « une mise à l’écart des discussions des établissements du consortium qui ne sont pas dans le premier périmètre de l’université-cible ». (NewsTank, 6 juillet)
En attendant, Lyon 2 développe une stratégie de son côté pour continuer à faire valoir son potentiel en SHS, comme elle l’annonçait il y a quelques mois. « Les chercheurs de l’université Lumière « ne signeront plus ‘Université de Lyon’ s’ils n’en font pas partie ! » » (AEF info, 9 juillet). Dans un contexte où la volonté affichée des porteurs de l’université-cible est de « manger » à terme les composantes les plus intéressantes de Lyon 2 — un travail déjà entamé, des rumeurs de velléités sécessionnistes en économie et en droit à Lyon 2 ayant déjà été évoquées du côté de Lyon 3.
N. Dompnier regrette enfin que la politique des autres établissements porte préjudice à tout le site :
Nous continuons à affirmer que l’Université Lumière Lyon 2 doit faire partie du projet. Mais plus on attend, plus la structuration s’opère sans notre établissement et plus l’intégration sera difficile.
Des collaborations commencent dès à présent à être remises en cause. Les établissements impliqués dans la construction de l’université-cible ne jouent souvent plus le jeu de la coopération. Dans ce cas, la concurrence se réinstalle. (NewsTank, 6 juillet)
La fusion telle qu’elle est pensée aujourd’hui reléguerait les SHS au second plan des priorités sur le site Lyon – Saint-Étienne (pour peu qu’elles n’y aient pas déjà été ?), et appauvrirait l’offre de formation partagée en mettant à mal de nombreux partenariats.
En termes de formation, le projet d’institut du premier cycle suscite aussi le scepticisme de la présidente :
Le risque est d’entrer dans une logique de dissociation et de casser le lien entre formation et recherche. (…) Ma tentation pourrait être à terme de sortir cet institut de l’université cible, puisque le premier cycle est un poids pour les classements notamment. (AEF info, 9 juillet)